Organiser son entrée en EMS : check-list

De nombreuses personnes âgées souhaitent vivre chez elles aussi longtemps que possible, car avoir son propre logement est synonyme de sécurité, d’autodétermination et de routine. Mais avec l’âge, il est fréquent que l’on développe des maladies chroniques et que les limites physiques se fassent ressentir. Dans certains cas, il n’est plus possible d’organiser les soins et la prise en charge dans l’environnement habituel et il faut alors généralement intégrer un établissement médico-social.

Les établissements de soins accompagnent les personnes qui ne peuvent plus se débrouiller seules au quotidien. Des professionnel·le·s se chargent des soins médicaux, des soins personnels et de l’aide au quotidien, tout en veillant à créer un environnement sûr. Ce faisant, les contacts sociaux sont encouragés et les journées structurées, ce qui apporte une certaine stabilité.

L’admission en établissement médico-social est un bouleversement profond, tant pour la personne concernée que pour son entourage. Si ce changement signifie d’une part qu’il faut abandonner ses habitudes, il est d’autre part synonyme de soulagement. Les proches sont souvent fortement sollicités sur le plan émotionnel. Un sentiment de culpabilité, le doute et l’incertitude peuvent aller de pair avec cette étape. Il est donc d’autant plus important de bien préparer cette décision. Par exemple, n’attendez pas pour aborder cette question avec toutes les personnes concernées et définissez vos critères et vos besoins. 

Quand les services ambulatoires ou les soins à domicile ne suffisent plus, la prise en charge en EMS est souvent la bonne solution. Le personnel soignant de l’EMS s’occupe de la personne concernée de jour comme de nuit, ce qui lui évite de se sentir seule et crée un environnement stable. Cela est particulièrement utile lorsque l’état physique ou mental d’une personne s’est considérablement dégradé. Les situations suivantes plaident souvent en faveur d’une admission en établissement médico-social :

• Détérioration de l’état de santé général : avec l’âge, les capacités physiques et mentales déclinent progressivement. Les chutes au quotidien se multiplient et entraînent souvent des blessures. La dépression liée à l’âge ou l’épuisement permanent peuvent également nuire au bien-être. À domicile, la sécurité et l’hygiène sont alors fortement compromises.
• Déficiences physiques : des maladies comme la maladie de Parkinson limitent fortement la mobilité. Les muscles sont de plus en plus raides, les pas perdent en assurance et seule une aide extérieure permet d’accomplir les gestes du quotidien. Les personnes atteintes de Parkinson bénéficient d’un accompagnement thérapeutique et d’un soutien au quotidien dans un EMS.
• Déficience cognitive : les personnes atteintes d’une démence progressive ne s’adaptent plus au quotidien, ne reconnaissent pas les personnes de confiance et réagissent souvent de manière agressive. De tels changements dépassent souvent l’entourage personnel et menacent la sécurité des personnes concernées. La prise en charge des personnes atteintes de démence est souvent plus facile dans un établissement médico-social que dans un environnement privé, car l’EMS est doté d’un personnel formé et de structures fixes.
• Sollicitation excessive des proches : s’occuper d’un proche est très épuisant, tant physiquement que psychologiquement. En apportant une aide jour et nuit, on fait généralement une croix sur son repos, ses propres besoins et ses contacts sociaux. Au fil du temps, cela peut entraîner un épuisement, des états d’anxiété, des troubles du sommeil, de l’abattement et des humeurs dépressives.

Parlez ouvertement de la situation actuelle et des raisons d’une admission en établissement médico-social. Invitez toutes les personnes aidantes à une discussion commune. Impliquez si possible également la personne nécessitant des soins. Cela vous permettra de clarifier les attentes et les prochaines étapes en matière d’organisation.

Conditions médicales d’une admission en établissement médico-social

L’admission en établissement médico-social ne se fait pas du jour au lendemain. Au préalable, des spécialistes vérifient scrupuleusement si un suivi stationnaire est médicalement nécessaire et s’il est possible de le mettre en œuvre sur le plan organisationnel. Cette évaluation tient compte des besoins en matière de soins, de la situation personnelle et des offres de soutien existantes. Les conditions pour l’entrée en établissement médico-social sont réunies lorsque les soins et la prise en charge à domicile ont atteint leurs limites. Les limitations physiques, les contraintes psychiques et les facteurs sociaux peuvent aggraver davantage la situation. 

Une fois que la décision d’admission en établissement médico-social a été prise, il faut commencer les recherches d’un établissement approprié. En principe, vous avez le choix. Les offres diffèrent toutefois considérablement en matière de prix, d’équipement, de prise en charge et de soins. Avant de faire votre choix, il est donc judicieux de clarifier avec la personne concernée quels critères sont importants pour elle. Vous créerez ainsi une bonne base pour les visites sur place. Voici quelques points qui vous aideront dans votre recherche d’une place en établissement médico-social :

• Emplacement : l’emplacement de l’établissement médico-social a un impact sur la vie quotidienne et le bien-être émotionnel. L’établissement dispose-t-il d’une bonne infrastructure ? La personne concernée peut-elle par exemple se rendre chez le médecin ou faire ses courses de manière autonome ? Il est également important d’être proche d’un environnement familier, de la famille ou de connaissances. Cela permet de se sentir en maîtrise et en sécurité. Réfléchissez ensemble à la fréquence à laquelle des visites dans un établissement médico-social sont réalistes et souhaitées. Idéalement, l’emplacement permet de répondre à ces souhaits.
• Équipement : optez pour un environnement dans lequel la personne prise en charge se sente bien. Des espaces communs lumineux, un jardin bien entretenu et des endroits paisibles où se retirer invitent à y passer du temps. Un aménagement accessible facilite le quotidien et assure plus de sécurité.
• Chambre : n’y a-t-il que des chambres individuelles ou aussi des offres pour les couples ? Vérifiez également qu’il y a une salle de bains accessible avec douche et WC et qu’une prise de téléphone, de télévision ou d’Internet est à disposition. Renseignez-vous sur le système d’appel d’urgence disponible et si vous pouvez apporter vos propres meubles.
• Repas : un régime alimentaire varié et équilibré est bon pour la santé. Demandez s’il est possible de bénéficier de régimes personnalisés et de participer à leur élaboration. Y a-t-il un restaurant où l’on peut manger ensemble ?
• Soins médicaux : renseignez-vous sur le suivi médical proposé sur place et la collaboration avec des spécialistes externes. Comment se passe l’approvisionnement en médicaments ? Qui s’occupe des personnes en cas d’urgence ? En établissement médico-social, en cas de maladies chroniques ou évolutives, des offres telles que la prise en charge de la démence et les soins palliatifs jouent un rôle important.
• Soins : renseignez-vous sur la manière dont les soins sont organisés et vérifiez s’ils sont adaptés à l’état de santé de la personne à soigner. Quelles sont les prestations prises en charge au quotidien par l’équipe de soins ? L’établissement a-t-il de l’expérience concernant certains tableaux cliniques ? Un établissement médico-social spécialisé dans le traitement de la démence propose souvent des concepts de prise en charge particuliers et a des équipes formées. 
• Activités : un quotidien diversifié renforce le bien-être psychique. Posez des questions sur les offres d’activités physiques, de groupes créatifs, d’excursions communes ou d’événements culturels. Idéalement, les activités correspondent aux intérêts et aux capacités de la personne prise en charge. Informez-vous également sur les heures de visite et les services proposés. Peut-on par exemple se faire couper les cheveux ou faire une pédicure sur place ?
• Frais : faites-vous une idée de toutes les dépenses, des soins de base aux prestations complémentaires. Tenez compte des prestations incluses dans le tarif journalier et de ce qui est facturé séparément. En Suisse, les frais d’un établissement médico-social varient selon l’établissement, le canton et les besoins en matière de soins. 

En vous rendant sur place, vous pourrez vous faire une idée assez fidèle. Examinez tranquillement l’établissement médico-social, parlez-en à la direction de l’établissement et observez comment s’y déroule le quotidien. En règle générale, cela permet d’évaluer facilement la qualité de l’établissement médico-social. Dans certains cas, discuter avec des personnes qui connaissent l’établissement peut fournir de précieuses informations. N’oubliez pas non plus que de nombreux établissements ont de longues listes d’attente. Par conséquent, anticipez et intégrez plusieurs établissements dans votre choix. Vous augmenterez ainsi vos chances d’obtenir la bonne place au moment souhaité.

Trois organismes participent au financement d’un séjour dans un établissement médico-social en Suisse : l’assurance de base, les pouvoirs publics et la personne nécessitant des soins elle-même. La caisse-maladie prend en charge une part fixe des prestations reconnues, par exemple pour les soins de base et l’administration de médicaments, et ce, quel que soit l’établissement médico-social. Le canton ou la commune participe à d’autres coûts liés aux soins. Le reste est financé par la personne concernée. Cela inclut également, outre une part des soins, les frais de logement et de repas ainsi que les dépenses personnelles.

Aide sociale pour l’installation en établissement médico-social

Les personnes ayant besoin de soins ne peuvent pas toutes assumer elles-mêmes les coûts d’une place en EMS. Dans de tels cas, les pouvoirs publics apportent un soutien financier sous certaines conditions. Ce soutien prend la forme d’une allocation pour impotent ou de prestations complémentaires à l’AVS ou à l’AI. Si ni les revenus ni la fortune ne couvrent le coût des soins, une aide sociale en EMS est également possible.

En cas de déménagement dans un établissement médico-social et de questions sur la prise en charge des coûts, il est conseillé d’échanger en amont avec le service AVS/AI ou la commune compétente. Cela vous permettra de connaître les prestations possibles dans votre cas. Pro Senectute est également à votre disposition pour vous conseiller en détail sur les questions financières.

Certaines tâches sont à accomplir lorsqu’il y a emménagement en établissement médico-social. Cette check-list vous aide à garder une vue d’ensemble en cas de déménagement dans un établissement médico-social :

• Résilier sa ligne téléphonique : vérifiez s’il est toujours nécessaire d’avoir une ligne fixe. Si ce n’est pas le cas, il vous suffit d’envoyer une résiliation spéciale indiquant que vous souhaitez annuler votre ligne téléphonique en raison de votre admission dans un établissement médico-social.
• Résilier son bail : informez votre bailleur par écrit en temps utile. En règle générale, une résiliation du bail en raison d’un déménagement dans un établissement médico-social suffit. Faites une copie de la lettre pour vos archives.
• Vérifier l’assurance inventaire du ménage : déterminez si la couverture d’assurance doit être supprimée ou adaptée. Souvent, il est possible de faire des économies en résiliant son assurance inventaire du ménage lors d’un déménagement en établissement médico-social.
• Changement d’adresse auprès de la commune : en cas d’emménagement dans un nouvel établissement médico-social, annoncez le départ de la personne nécessitant des soins à son ancien lieu de domicile et son arrivée à la nouvelle commune.
• Changement d’adresse : informez vos proches, votre cercle amical, votre caisse-maladie, votre banque, la Poste, votre caisse de retraite et d’autres organismes importants. Au besoin, faites une demande de suivi de courrier.
• Vérifier les moyens auxiliaires disponibles : discutez avec l’établissement des aides dont vous avez besoin, comme un déambulateur, un fauteuil roulant ou un lit médicalisé. Vous restituez les moyens auxiliaires dont vous n’avez plus besoin par l’intermédiaire de votre caisse-maladie.
• Emporter ses meubles et ses effets personnels : demandez s’il est autorisé d’apporter ses propres meubles. Les objets personnels tels que les photos, les livres ou les souvenirs créent un environnement familier.
• Enregistrer une procuration médicale : vérifiez si vous avez une procuration valable et qui est enregistré·e comme mandataire. L’établissement a besoin de ces informations pour prendre des décisions juridiquement sûres en matière médicale et financière. Présentez une copie de la procuration médicale à l’établissement médico-social.
• Rassembler les documents importants : emportez vos pièces d’identité, vos cartes d’assurance, vos directives anticipées, votre procuration médicale, l’avis de degré de soins, votre plan de médication et vos rapports médicaux.
• Organiser un suivi médical : vérifiez avec votre médecin de famille s’il/elle peut continuer à vous prendre en charge ou si la prise en charge est confiée à l’établissement. Informez également les autres professionnel·le·s de santé de votre déménagement en établissement médico-social.
• Services de soins et de livraison : annulez les soins ambulatoires, les services de repas et autres services réguliers auxquels vous avez eu recours auparavant.

En règle générale, un entretien d’admission a lieu avec la direction de l’établissement une fois que vous avez choisi l’établissement qui vous convient. Vous y discuterez prestations de soins, financement, prise en charge et souhaits personnels.

L’entrée dans une institution change beaucoup de choses pour la personne concernée et pour son environnement familial, qui ressentent souvent de la tristesse, de l’incertitude ou de la culpabilité. N’hésitez donc pas à parler ouvertement du déménagement prévu en établissement médico-social. Impliquez activement la personne nécessitant des soins et visitez ensemble et à l’avance les différents établissements. Souvent, l’emménagement dans un établissement médico-social peut être facilité si vous exprimez directement vos souhaits, vos besoins et vos préoccupations.Quitter son ancien logement peut être douloureux. Faites preuve de patience si l’un·e de vos proches s’isole ou montre de l’inquiétude au cours des premières semaines. S’adapter à un EMS demande du temps. Souvenirs, meubles familiers ou photos personnelles créent une atmosphère de familiarité et permettent de mieux s’acclimater au nouveau quotidien en EMS.

Restez toujours en contact. De petites excursions, un café en groupe ou une conversation en tête-à-tête contribueront grandement au bien-être. Montrez par de petits gestes et des visites régulières à quel point la relation reste vivante malgré l’entrée en établissement médico-social. Souvent, la relation est moins pesante et cela lui offre une nouvelle dynamique.

Que faire si une personne ne veut pas aller en établissement médico-social ?

Les personnes atteintes de démence sont souvent sensibles aux changements. Un déménagement peut particulièrement les inquiéter si elles perdent leurs habitudes. Préparez donc avec précaution l’emménagement dans un établissement médico-social. Proposez des premières expériences de prise en charge en dehors du logement, par exemple par le biais d’un centre de soins de jour ou de l’accompagnement à l’heure par une personne de confiance. Lorsque vous choisissez l’établissement, tenez compte d’un environnement spécialisé dans l’adaptation en établissement médico-social pour les personnes souffrant de démence. La transition se fera plus en douceur et votre proche se sentira plus à l’aise dans l’établissement.

N’oubliez pas non plus de prendre soin de vous. Si vous sentez du surmenage ou de la culpabilité, parlez-en ouvertement avec des personnes de confiance ou un·e spécialiste. Dans les soins à des proches en particulier, il est important de garder un œil sur ses propres forces. Si c’est votre mère ou votre père qui emménage dans un établissement médico-social, n’ayez pas mauvaise conscience : cette étape est souvent un soulagement et fait place à de nouveaux moments de partage.

L’entrée en établissement médico-social n’est pas toujours la solution idéale ou unique. Si la personne commence notamment à avoir besoin de soins ou si l’autodétermination est très importante au quotidien, il vaut la peine de jeter un coup d’œil à d’autres modèles de logement et de prise en charge. Voici les principales alternatives à l’établissement médico-social :

• Service d’aide et de soins à domicile : différent·e·s professionnel·le·s de santé apportent leur soutien dans l’environnement habituel, en se chargeant des tâches médicales et de soins à des heures déterminées, ainsi que de l’aide au ménage. Le service d’aide et de soins à domicile s’adresse donc aux personnes nécessitant des soins légers à modérés qui souhaitent vivre seules et rester chez elles.
• Service d’assistance 24h/24 : si une personne a besoin de soins importants, mais qu’elle souhaite tout de même rester chez elle, un service d’assistance 24h/24 peut être une solution. Un assistant ou une assistante vit alors en permanence dans le ménage et apporte son soutien dans toutes les activités de la vie quotidienne.
• Prise en charge par des proches : ici, ce sont les membres de la famille qui prennent en charge les soins et l’accompagnement au quotidien. Ce modèle demande certes beaucoup d’engagement, mais crée une atmosphère de confiance. Il convient particulièrement aux personnes dont l’état de santé est stable et dont l’environnement social est favorable. Des offres de soutien et des conseils aident à éviter que les proches subissent une sollicitation excessive.
• Logement avec assistance : cette forme de logement allie la vie autonome à des prestations de soutien. En cas de besoin, une assistance est disponible, par exemple pour les tâches ménagères ou les questions d’organisation. Ce modèle s’adresse aux personnes ayant un léger besoin d’assistance qui apprécient la sécurité, mais souhaitent vivre de manière autonome. La différence entre un établissement médico-social et un logement avec assistance réside dans le degré de soins et l’étendue de la prise en charge.
• Maison de retraite : les maisons de retraite sont une forme de logement pour les personnes âgées nécessitant peu de soins. Elles fournissent l’hébergement, les repas et des services collectifs sans assurer de soins médicaux intensifs. Il n’est pas rare de se demander ce qui différencie une maison de retraite d’un établissement médico-social. Si les maisons de retraite accordent la priorité au logement avec assistance, les établissements médico-sociaux, eux, sont conçus pour répondre à des besoins de soins complets.

Le choix entre un établissement médico-social ou un logement avec assistance demande de l’attention, de la patience et de la compréhension. Plus vous en saurez sur les différentes possibilités, plus il vous sera facile de choisir la bonne voie – dans l’intérêt de la personne concernée et de son bien-être. Parfois, ce n’est qu’en discutant avec des spécialistes ou après une réflexion approfondie qu’il apparait que l’admission en établissement médico-social est la bonne solution. Faites confiance à votre ressenti, à vos observations et à l’échange avec la personne que vous accompagnez.