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Des équipes solides
Les jeunes médecins sont de plus en plus nombreux à opter pour un cabinet de groupe. Ils peuvent s’y concentrer totalement sur leur métier, échanger au sein de l’équipe et se concerter ou expérimenter de nouvelles manières de travailler. C’est le cas du Dr Marc Jungi, médecin-chef à Sanacare Berne: son équipe de médecins implique des assistantes médicales dans le suivi des patients atteints de maladies chroniques, une démarche dont le succès est indéniable.
Consultations de 7h30 à 12h00, pause de midi jusqu’à 13h00, réunion de l’équipe de 13h00 à 14h00, nouvelles consultations jusqu’à 16h30, ensuite entretien avec un nouveau collègue potentiel et pour finir une visite à domicile chez une patiente sur le chemin du retour: une journée normale dans la vie de Marc Jungi. Son agenda est toujours plein à craquer.
Ce spécialiste FMH en médecine interne générale âgé de 48 ans est l’un des douze médecins de famille du cabinet de groupe Sanacare Berne. En tant que médecin-chef, il y est en outre responsable avec un collègue de toutes les tâches administratives, telles que la gestion du personnel, le budget et la planification. Marc Jungi est également membre du comité directeur de Sanacare AG, la société-mère qui chapeaute les 13 cabinets Sanacare implantés en Suisse.
Le fait qu’il assume actuellement autant de responsabilités est un pur hasard. «C’est ici, dans le cabinet de groupe, que j’ai découvert mon intérêt pour ces questions», explique Marc Jungi. Le fait qu’il exerce ici et non dans un cabinet individuel n’est toutefois pas fortuit. Dès 1999, Marc Jungi était convaincu que la collaboration avec des collègues de spécialités différentes, la possibilité de demander un deuxième avis sur place, le partage d’une infrastructure coûteuse, l’échange, l’émulation, mais aussi l’entraide représentaient la meilleure solution. L’idée de cabinet de groupe était encore nouvelle à l’époque et Marc Jungi a été l’un des premiers à se lancer dans l’aventure.
Quinze ans plus tard, ce modèle attire de plus en plus de jeunes praticiens. «Ils peuvent s’y consacrer totalement aux aspects médicaux, bénéficient d’une infrastructure moderne, peuvent travailler en équipe, voire à temps partiel», relève Marc Jungi. Les patients sont également de plus en plus nombreux à choisir un cabinet de groupe et il ne s’agit pas seulement de ceux qui ont opté pour un modèle de Managed Care. Le nombre de patients au bénéfice d’une assurance classique augmente également: ils représentent déjà près d’un tiers des patients de Sanacare. Aux yeux des patients, un tel cabinet présente l’immense avantage de proposer des soins de base complets d’un seul tenant.
L’un des défis pour Marc Jungi et son équipe consiste à garantir une telle offre. Il est capital pour le cabinet de proposer un judicieux mélange de connaissances spécialisées. Grâce aux compétences variées des douze médecins du cabinet, Sanacare Berne est en mesure de proposer une vaste palette de prestations, allant des soins gynécologiques de base à l’échographie diagnostique, en passant par la psychosomatique, la pédiatrie, la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et la radiographie. Marc Jungi, qui s’est formé en médecine sportive et manuelle, peut en tout temps faire appel aux connaissances de ses collègues, discuter de ses diagnostics avec eux et les solliciter pour un deuxième avis. Marc Jungi et les autres médecins de famille orientent les patients qui requièrent une assistance médicale allant au-delà des soins de base vers les spécialistes correspondants. L’interdisciplinarité si souvent évoquée est une réalité pour ces médecins de famille.
Développer la médecine de famille
Marc Jungi pense que la possibilité de faire évoluer la médecine de famille est l’un des autres grands avantages offerts par les cabinets de groupe. Véritable pionnier, Marc Jungi est une nouvelle fois en première ligne dans ce domaine. Le problème est malheureusement connu: «Deux tiers des médecins de famille ont plus de 55 ans et cesseront leur activité dans les dix prochaines années», explique le praticien. La diminution du nombre de médecins de famille s’oppose à un besoin croissant de suivi médical, ne serait-ce qu’en raison de l’évolution démographique. Plus la population est âgée, plus elle souffre de maladies chroniques et a besoin d’un suivi accru.
Marc Jungi et son équipe ont lancé au sein de Sanacare Berne un projet-pilote intitulé «Chronic Care Management » (CCM ). L’objectif consiste à enrôler des assistantes médicales pour qu’elles assistent le médecin de famille dans le traitement des patients atteints de maladies chroniques. Par exemple lorsqu’il s’agit de conseiller les diabétiques dans la gestion de leur maladie, de favoriser leur autonomie ou d’accomplir certaines tâches médicales nécessaires à la place du médecin. «Les capacités du médecin sont ainsi accrues», explique Marc Jungi. Il a d’ailleurs expérimenté ce modèle au cours des douze derniers mois. Le feed-back des patients était «super », explique-t-il, «hormis quelques-uns, ils participent tous à la deuxième phase du projet-pilote.» L’écho auprès des assistantes médicales impliquées était également très positif. «Ces nouvelles tâches leur ouvrent de nouvelles perspectives professionnelles», explique Marc Jungi. Un nouveau champ, celui de l’interprofessionnalité, voit ainsi le jour dans le domaine de la médecine de famille.
Le CCM fait des émules au sein de Sanacare. D’ici 2014, ce programme sera étendu à d’autres cabinets. Toutefois, il faudra sans doute du temps avant que d’autres médecins de famille y adhèrent: il s’agit d’organiser la formation des assistantes médicales pour qu’elles deviennent des coachs et de définir des points tarifaires pour la prestation qu’elles fournissent. C’est notamment à Helsana que Marc Jungi doit d’avoir pu lancer le projet CCM, car celle-ci soutient cet engagement, tant au plan financier que conceptuel.
Texte: Iris Kuhn-Spogat