En 2022, les coûts de l’assurance de base pour les médicaments ont continué d’augmenter. Au total, ils se sont élevés à 8,5 milliards de francs dans le domaine ambulatoire, ce qui correspond à une augmentation de 360 millions de francs par rapport à l’année précédente. Pour continuer à garantir la possibilité de financer de véritables innovations, il est nécessaire de définir de nouvelles règles de composition des prix et des mesures de réduction des coûts, comme les rabais de quantité. Depuis dix ans, Helsana analyse l’évolution du marché des médicaments en Suisse.
30.11.2023
Les médicaments ont le potentiel d’influencer positivement l’évolution des maladies et de la qualité de vie des patientes et des patients. D’un autre côté, les médicaments engendrent des coûts élevés et, parfois, ils ne peuvent pas tenir leurs promesses, ne sont pas utilisés en accord avec les dernières connaissances médicales ou sont beaucoup trop chers.
Nos chiffres montrent que les médicaments sont de plus en plus utilisés : de plus en plus de personnes achètent des médicaments, et chaque personne utilise plus de médicaments. Il est intéressant de constater que les nouveaux médicaments sont souvent très chers : ils dépassent généralement 1000 francs pour une boîte. Ces nouveaux traitements ne sont pas toujours meilleurs que les précédents. En effet, sur les 45 nouveaux principes actifs, seuls quatre présentent un caractère réellement novateur en 2022. « Le public doit avoir la certitude de ne pas payer des prix excessifs pour les médicaments, en particulier pour les fausses innovations », souligne Manuel Elmiger, économiste de la santé et responsable du rapport sur les médicaments chez Helsana. Pour le savoir, il faut porter un regard clair et impartial sur les évolutions. C’est ce que permet Helsana pour la dixième fois déjà grâce au rapport sur les médicaments.
L’année dernière, 6,8 millions de personnes (+ 5,2 % par rapport à l’année précédente) ont acheté 127 millions de boîtes de médicaments (+ 3,7 %), ce qui a entraîné des coûts supplémentaires totaux de 360 millions de francs (+ 4,4 %). Cette augmentation des coûts est principalement due à des médicaments relativement nouveaux dans le segment des prix élevés. Il en résulte des coûts par personne très élevés pour les traitements modernes, tels que les traitements contre le cancer, le diabète ou la mucoviscidose. Avec seulement 0,7 % de toutes les boîtes achetées sur le marché, les médicaments contre le cancer engendrent des coûts de plus d’un milliard de francs. Les monothérapies modernes pour le traitement du cancer sont très chères et coûtent aujourd’hui 30 000 francs par personne et par an, voire nettement plus. Si différents médicaments coûteux doivent être combinés dans un même traitement, il en résulte des coûts particulièrement élevés. Le diabète, maladie endémique, a connu une augmentation des coûts de 50 millions de francs, pour un coût total de 411 millions de francs en 2022.
D’une région à l’autre, il existe des différences notables en ce qui concerne les coûts des médicaments par personne. Pour expliquer ce fait, on peut citer par exemple la démographie, les préférences individuelles et les différences d’offres de prestation. Le Tessin, certaines parties du nord-ouest de la Suisse et le canton de Genève ont des dépenses par habitant de 25 % supérieures à celles d’une partie de la Suisse centrale et de certains cantons de Suisse orientale.
« Le rapport sur les médicaments montre que les produits utilisés sont de plus en plus chers. La population voit chaque année où cela mène à travers l’augmentation des primes d’assurance-maladie », explique le CEO d’Helsana, Roman Sonderegger. Des prix dépendant de la quantité freineraient l’augmentation des coûts. Jusqu’à présent, le nombre de boîtes vendues ou les ventes, c’est-à-dire les coûts totaux d’un traitement en particulier, n’entrent pas en compte comme critères pour la fixation des prix. Les ventes d’un médicament en particulier peuvent augmenter de façon incontrôlée. Si un médicament est vendu plus fréquemment, cela devrait obligatoirement entraîner une réduction de prix à partir d’un certain seuil de ventes. Lors de l’autorisation de nouveaux médicaments, il serait préférable de vérifier s’il s’agit réellement d’une innovation présentant une utilité élevée.
Bien qu’il existe des critères clairs pour la fixation des prix, ceux-ci sont souvent le résultat de négociations secrètes entre l’industrie pharmaceutique et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Le public finance les coûts et devrait donc savoir comment les prix sont négociés entre l’industrie pharmaceutique et l’OFSP. Enfin, le marché des médicaments propose des produits aussi efficaces, mais moins chers, qu’il s’agisse de médicaments originaux ou de copies équivalentes. Une augmentation du recours à ces alternatives représenterait un grand potentiel d’économies qui n’est jusqu’à présent que peu exploité.
Il est souvent difficile d’avoir un aperçu des médicaments pris, surtout lorsque plusieurs fournisseurs de prestations, comme les hôpitaux, les médecins de famille et les pharmacies, sont impliqués. Les données de décompte d’Helsana permettent de garder une vue d’ensemble. Depuis cette semaine, les utilisatrices et utilisateurs trouvent, dans l’application « myHelsana », une liste de tous les médicaments qu’ils ont reçus et qui leur ont été facturés. Les personnes assurées peuvent partager cette vue d’ensemble avec les médecins et les pharmacies.
Nous nous ferons un plaisir de vous aider.